mercredi 26 novembre 2014

Tahiti: à quand le pic du chikungunya ?

Aujourd'hui, Tahiti et Moorea sont en phase 4 d'épidémie de Chikungunya, cette sorte de super dengue, dite de  "l'homme courbé".

Les autres îles, dont Raiatea, sont pour le moment uniquement en phase 2 voire 3,   mais cela ne va surement pas durer, et on sera bientôt en phase 4, tant le nombre de nouveaux cas y est en constante augmentation.

Petit rappel sur les différentes phases:



D'après les bulletins de la veille sanitaire de Polynésie, l'historique supposé du nombre total de cas est à peu près le suivant:



En abscisse, le nombre de jours à partir du 6 octobre 2014 (x = 0), où N = 400 cas étaient comptabilisés.

Pour la semaine 46 du bulletin (x = 38), on est à N = 11 229 cas déclarés.

En traçant le nuage de points, de forme plutôt parabolique, on peut réaliser un ajustement quadratique dont l'équation est:

y = 7,096x² + 18,66x+372

Habituellement, quand un certain pourcentage de la population totale est atteint, le pic est obtenu et l'épidémie commence alors à enfin régresser.

Par hypothèse, fixons ce seuil à 20% de la population, soit 55 000 cas environ. Ce seuil est naturellement variable, mais 20% est une valeur que l'on rencontre fréquemment dans les épidémies.

Si la tendance actuelle perdure, cette valeur de 55 000 cas sera atteinte à x = 85 jours environ.

Si le seuil est plus grand que 20%, le pic interviendra un peu plus tard.

Ainsi, pour un seuil de 25%, il le serait à x = 95 jours, soit seulement 10 jours après.



Ce qui donnerait pour Tahiti et Moorea en gros un pic pour juste après le 1er janvier 2015... ou bien 10 jours après si le seuil est de 25%.

Ensuite, le nombre hebdomadaire de nouveaux cas baisserait et l'épidémie serait terminée environ 90 jours plus tard.

Pour Raiatea et les autres îles sous le vent, tout est décalé d'un mois environ.

Hélas, maintenant que le chikungunya est bien présent sur le territoire, il ne le quittera plus, et il y aura malheureusement toujours, de temps en temps, quelques nouveaux cas de Chikungunya, sans que cela ne fasse désormais la une des médias.

En 2010 à la Réunion, soit 5 ans après l'épidémie majeure dont tout le monde avait parlé, un second pic s'est produit, mineur celui-là,  car il y a eu suffisamment de personnes "naïves" (au sens épidémiologique) pour l'alimenter.



jeudi 20 novembre 2014

Bac Amérique du Sud novembre 2014: S et ES

Voici les sujets du bac Amérique du Sud novembre 2014 en mathématiques série S, et ES


* Série S:
Exercice 1: Loi normale, intervalle de fluctuation, probabilités totales
Exercice 2: QCM non pénalisant de géométrie dans l'espace
Exercice 3: Obligatoire: suites
Exercice 3: Spécialité: suites de matrices
Exercice 4: Fonction exponentielle, primitive, algorithme



Extrait du bac S Amérique du Sud 2014: le QCM de l'exercice 2


* Série ES:
Exercice 1: QCM non pénalisant de probabilités, loi binomiale
Exercice 2: Fonction exponentielle, dérivée, primitive, convexité
Exercice 3: Obligatoire: Suites, algorithmes
Exercice 3: Spécialité: Graphe probabiliste, suites, algorithme
Exercice 4: Loi normale, intervalle de fluctuation,



samedi 15 novembre 2014

Rosetta: si seulement Philae avait une pile nucléaire


.. au lieu de panneaux solaires...

On a tous suivi cette semaine les fabuleuses aventures de l'orbiteur européen Rosetta et de son désormais célèbre petit atterrisseur Philae, qui a réussi l'exploit que l'agence spatiale européenne (ESA) lui avait demandé: se poser sur la comète 67P Churyumov-Gerasimenko (alias Chury pour les intimes)

Un peu d'histoire

Découverte en 1969 par deux ukrainiens comme étant la 67ème comète périodique repérée à l'époque (d'où le 67P), cette comète tourne autour du Soleil en à peu près 6 ans et demi, et depuis août dernier, elle est accompagnée de la sonde européenne Rosetta.

Jusqu'à la semaine dernière, Rosetta tenait sur ses flancs le robot Philae.

Rosetta et Philae, ont été conçus il y a 20 ans, et devaient au début atteindre une autre comète, nommée Wirtanen.

Rosetta a finalement été lancée en 2004 par une fusée Ariane 5 depuis Kourou, et pour ne pas dépenser trop d'énergie, elle a suivi un long périple gravitationnel de 10 ans et 6 milliards de km (soit la distance Terre-Pluton !) pour atteindre enfin 67P Churyumov-Gerasimenko l'été dernier.


C'est donc avec la technologie d'il y a 20 ans que ces deux engins spatiaux viennent ausculter Chury, qui pendant tout ce temps là, aura d'ailleurs tranquillement pu faire trois révolutions autour du Soleil .

Chury -  et ses deux nouveaux amis - passeront au plus près du Soleil le 13 août prochain, mais ils en seront quand même à ce moment là distants de 180 millions de km, donc plus que la distance moyenne Soleil-Terre (150 millions de km)

Le but de l'opération: forer pour la première fois l'intérieur d'une comète afin de l'analyser, chercher d'éventuelles molécules organiques complexes, et observer in situ son dégazage. Cela doit notamment permettre d'avancer dans la recherche de l'apparition de la vie sur Terre.




Son coût: 1,3 milliard d'€, soit environ un onzième de celui du scandale du Crédit Lyonnais, pour lequel la France (et donc les contribuables français) devra encore en décembre prochain emprunter sur les marchés 4,5 milliards d'€ afin de solder définitivement cette sombre et pitoyable histoire...

On pourrait également citer Executive Life, l'amende de BNP Paribas envers les USA, etc...

Donc Rosetta, c'est pas si cher finalement.



12 novembre 2014: rebonds et rebondissements

A l'heure convenue ce mercredi 12 novembre 2014, Philae se détache de Rosetta en direction du site choisi - récemment appelé Agilkia -, et uniquement sous l'effet de la gravitation et des lois de la mécanique magistralement domestiquées par le CNES: le Centre National d'Etudes Spatiales, il touche Chury dans le périmètre calculé. C'est un exploit. Une première mondiale. Une date historique pour le spatial, n'en doutons pas.




Malheureusement, Philae rebondit aussitôt et, au bout de plusieurs heures et rebonds, finit par s'immobiliser à plus d'un kilomètre de là (la comète ne mesure que 4 km sur 5 km environ), au pied d'une falaise, avec un pied en l'air, et dans un endroit peu éclairé par le Soleil.

Photo ci-contre: en rouge le premier posé, où Philae aurait dû rester, et en bleu, le périmètre où il se trouve désormais.




Du coup, sa première batterie ayant épuisé ses 60h d'autonomie, le petit robot n'a plus assez d'énergie pour fonctionner et, après avoir heureusement quand même pu envoyer les quelques données récoltées jusque là, Philae se met en état d'hibernation,

En effet, et faute de l'ensoleillement prévu, sa seconde batterie ne pourra pas être rechargée par ses panneaux solaires et Philae va donc rester endormi pendant .... un certain temps...

Pourtant le mieux situé puisque sur déjà place et en contact direct avec la comète, il ne verra donc rien du réveil progressif de Chury, au fur et à mesure qu'elle se rapprochera du Soleil. Seule Rosetta sera apte à le faire.

"On va attendre l'été"...

Dans quelques jours ou semaines, les scientifiques auront analysé les données envoyées in-extremis par Philae avant son hibernation et après quelques calculs géométriques,  on saura enfin quand Philae pourra peut être se réveiller, à condition d'obtenir un meilleur ensoleillement que celui qu'il connaît aujourd'hui. 

Dans plusieurs mois.probablement. D'après l'ESA, "on va attendre l'été".



D'ici là, il y a tout de même un risque important pour que le dégazage de Chury, déjà effectif depuis plusieurs semaines, se soit intensifié au point de d'altérer les panneaux solaires de Philae ou même carrément de l'expulser dans l'espace. En août dernier, Chury possédait déjà une chevelure de plus de 19 000 km, comme l'a montré le VLT , le Very Large Telescope européen situé au Chili.

Dégazage de Chury en octobre 2014 (photo prise par Rosetta)

Même si Philae, qui a tout de même réussi l'exploit de se poser sur Chury et a fait 80% de sa feuille de route, ne représente que 20% de la totalité de la mission Rosetta, laquelle fonctionne encore parfaitement alors que la comète se rapproche chaque jour un peu plus du Soleil, cette histoire de panneaux solaires insuffisamment éclairés laisse un sentiment mitigé. Une légère petite frustration dans l'enthousiaste fan club de Philae.

Encore une fois, bravo à l'ESA pour le travail accompli, mais...pourquoi ne pas avoir tout simplement équipé Philae d'une petite pile nucléaire du type RTG (Générateur Thermoélectrique à Radioisotope) à l'instar de tant d'autres sondes spatiales (Voyager, Curiosity, Cassini Huygens, Galileo, New Horizons, Deep space, et même les missions Apollo,..) ?
Et pourquoi avoir choisi uniquement l'assistance gravitationnelle pour que Rosetta atteigne Chury en 10 ans alors qu'avec les moyens classiques (comme Curiosity sur Mars), moins d'un an aurait été nécessaire ?

En 20 ans, la technologie a tellement évolué que les caméras des meilleurs smartphones d'aujourd'hui ont une meilleure définition que celles qui équipent Philae...




Une sorte d'intégrisme écolo ?

Le choix des panneaux solaires pour Philae a probablement été guidé par le refus d'utiliser une pile nucléaire, même si ce dispositif très simple et très fiable et quasi-inépuisable à base d'une substance chauffante radioactive et de thermocouples fabriquant l'électricité et à mille lieux d'une centrale nucléaire basée sur une réaction en chaîne, bien plus complexe à maîtriser.

Airbus Defense and Space (ex Astrium) avait d'ailleurs bien insisté sur le fait que c'était "la première sonde spatiale moderne à aller aussi loin sans pile nucléaire".

Le principal risque évoqué pour une sonde spatiale RTG est celui d'une éventuelle explosion de la fusée au décollage.

Mais dans ces conditions, que dire alors de tous les satellites espions dotés de cette technologie et envoyés régulièrement par toutes les puissances spatiales du monde depuis de très nombreuses années ?

Même les missions Apollo en étaient dotées à l'époque.



Pourquoi le grand public (quand même plus de 340 000 fans sur son compte twitter) devrait-il se résigner à voir ce sympathique Philae s'auto-hiberner parce que ses panneaux solaires ne sont pas alimentés et qu'il manque déjà d'énergie au bout de seulement 3 jours ?



Les missions spatiales actuelles et futures. Beaucoup ont des piles RTG.


Le même phénomène se produit malheureusement désormais dans les choix technologiques de nos dirigeants pour la France en matière de production énergétique: on supprime le nucléaire pour mettre des énergies renouvelables un peu partout.

Certes, les énergies renouvelables doivent être utilisées dès que possible: barrages, usines maré-motrices, bio masse, etc... sont des sources d'énergies fiables et prévisibles  qu'il faut implanter partout où on le peut. 

Il est également indéniable que l'énergie nucléaire peut être terriblement dangereuse si elle n'est pas correctement maîtrisée.

Mais pourquoi vouloir définitivement tirer un trait dessus, sans au contraire essayer de continuer à la sécuriser davantage, alors que notre pays a acquis un savoir faire reconnu mondialement dans ce domaine, que cette énergie ne participe pas au réchauffement climatique, qu'elle subvient aux besoins du pays, qu'elle produit une des électricités les plus stables du monde en tension et en fréquence, et qu'on arrive même à en exporter ?

Pendant ce temps là, les USA ou la Chine font le choix inverse et construisent désormais des centrales nucléaires qu'ils réussiront peut être même à nous vendre le jour où nos dirigeants auront compris - mais bien trop tard - leur gigantesque erreur.

Car d'ici là, nos ingénieurs et techniciens du nucléaire seront partis à la retraite sans transmettre leur savoir faire, on achètera alors des centrales chinoises ou bien pour être certains d'avoir de l'électricité avec nos centrales solaires et toutes les polluantes centrales à charbon du coin qui assombriront chaque jour un peu plus le ciel, on fera comme pour Philae: on attendra l'été.

mardi 11 novembre 2014

Rosetta: atterrissage de Philae sur Chury aujourd'hui

C'est le fameux jour J, celui où pour la première fois dans l'histoire du spatial, un robot, en l'occurrence le robot européen Philae, va se séparer de son orbiteur (Rosetta), et tenter d'atterrir sur une comète: Chury,

Il va ensuite d'essayer d'y rester jusqu'à ce qu'elle-ci s'éveille à son passage au plus près du Soleil, et ce pour étudier pour la première fois le dégazage d'une comète en direct.

Une absolue première mondiale donc.

La photo ci-contre permet de visualiser la taille de la comète Chury: environ 4km de long, donc à peu près la taille d'une agglomération.

Imaginée il y a 30 ans, conçue il y a 20 ans, lancée en 2004 par une fusée Ariane 5, et mise en sommeil pendant 10 ans pour économiser son énergie, la sonde européenne Rosetta avait réussi en août dernier sa mise en orbite autour de la comète 67P/Chury.

Peu après, plusieurs sites d'atterrissages possibles avaient été identifiés sur cette comète en forme de cacahuète, dont le dégazage a déjà commencé ces dernières semaines.



Le site d'atterrissage de Philae sur 67P/Chury





L'atterrissage se fera de façon entièrement automatique car tout signal émis ou reçu mettra 28 minutes pour faire le trajet Terre-Rosetta-Philae, ce qui empêche de piloter l'engin à distance depuis la Terre, située à 500 millions de km de là.

Largué à 20 km au dessus de Chury, Philae mettra 7h pour effectuer sa descente, à une vitesse de moins d'un mètre par seconde.


cliquer pour agrandir

Philae descendra tout seul par gravité, donc sans fusée, et grâce aux calculs très précis de mécanique céleste effectués par le CNES,  le robot devrait se poser à l'endroit prévu, malgré un sol assez improbable et surement chaotique....

Malgré l'extrême faiblesse de la gravitation qui règne sur la comète Chury, on espère que Philae, ce robot de 100kg et qui pèsera là-bas l'équivalent de seulement un gramme, pourra rester accroché sur sa comète avec ses harpons, et non rebondir dans l'espace pour toujours.
Avec une dizaine d'instruments à bord, il pourra ainsi forer et analyser le sous-sol d'une comète, un objet qui n'a que très peu changé depuis la formation du système solaire il y a 4,6 milliards d'années.
Et tenter de mieux comprendre l'origine de la vie sur Terre.
Dernières photos prises par Philae lors de sa descente:


Espérons qu'il ne trouvera pas un sol trop chaotique au moment du posé final.

dimanche 2 novembre 2014

Tahiti: l'épidémie de chikungunya s'installe

C'était pratiquement inévitable: et maintenant, ça y est, c'est fait:  le fameux virus du chikungunya, qui avait fait la triste une des médias en 2005-2006 pour avoir contaminé et traumatisé la Réunion, est désormais bien installé à Tahiti, et en passe de l'être dans les autres îles de Polynésie française.

A la Réunion,  il avait touché environ 40% de la population, en mettant à terre toute l'économie et en laissant de biens mauvais souvenirs dans la population, car plus d'un an après avoir contracté le virus, certains malades avaient toujours de douloureux problèmes aux articulations.

Transmis par les moustiques aedes aegypti et plus efficacement encore par aedes albopictus (ci-contre), tous deux présents en Polynésie, avec par ailleurs leur compère aedes polynesiensis qui lui, transmet la filariose, ces deux variétés de moustiques vont s'en donner à coeur joie au fenua à l'approche de la saison des pluies (novembre 2014-mars 2015)

Deux jours après avoir piqué une personne contaminée, le moustique (femelle) peut transmettre la maladie à tous ceux qu'il piquera ensuite, et le virus sera même présent dans les oeufs et les larves qu'il pondera...



Le chikungunya en Nouvelle Calédonie l'an passé

Une épidémie de chikungunya (qui signifie homme courbé en Swahili) avait commencé à frapper la Nouvelle Calédonie l'année dernière, mais elle s'est heureusement peu développée, s'est arrêtée, et tout s'est finalement bien passé pour eux.

La raison ? Il semble qu'ils n'avaient pas là bas le bon vecteur, c'est-à-dire le moustique aedes albopictus, qui est malheureusement bien présent en Polynésie.

Après la Réunion, le virus s'est propagé aux Antilles, où l'épidémie perdure d'ailleurs encore.


2013: le zika en polynésie

L'épidémie de zika avait commencé peu après le tournoi de beach soccer l'année dernière et, en quelques mois, elle avait touché plus de 70 000 personnes, soit pratiquement 30% de la population.

Après cette épidémie de zika l'année dernière, on pensait que cela avait été en final un bon entrainement, et on espérait tous une forte réactivité de la part des autorités locales pour faire obstacle au chikungunya lorsqu'il arriverait et on était convaincus que les services concernés allaient mettre le paquet au bon moment: c'est-à-dire après les vacances de juillet, après le passage des touristes, au moment du retour des vacanciers et de l'arrivée des nouveaux fonctionnaires (profs, gendarmes,etc...), certains venant forcément des Antilles par exemple.

Mais non, en août dernier, seulement quelques affiches jaunes à l'aéroport, en français et en tahitien, pour prévenir les francophones et les polynésiens qu'un risque chikungunya était présent sur le territoire.

Les premiers cas de chikungunya à Tahiti

Début octobre, apparaissent à Tahiti les premiers cas confirmés, à Papearii: 5 puis 10; 15; 59; 83; 107;...194 puis 287, avec même quelques cas aux Australes et aux Tuamotus (à Apataki)


On s'est alors rendu compte que les premiers cas étaient en fait déjà apparus en septembre (donc juste après la rentrée) mais qu'on les avait pris pour des cas de non-dengue, sans chercher à savoir s'il s'agissait déjà du fameux virus de l'homme courbé.



http://www.hygiene-publique.gov.pf/spip.php?article120
http://www.chikungunya.net

A noter la bonne réactivité de l'Institut Louis Malardé qui, en seulement 48h, a réussi à adapter la méthode PCR pour l'épidémie actuelle, permettant ensuite un diagnostic rapide.

Au fil des jours, le nombre de cas augmente car on est revenu en arrière et a trouvé les virus dans les premiers cas "oubliés" de septembre, on parle même de 400 à 500 cas, puis...


Le black-out médiatique

Et puis pratiquement plus rien dans les médias: aucune information. Juste des infos sur les opérations de démoustication.

Comme si tout ce qui avait précédé n'était finalement qu'un mauvais rêve...

Même le site de veille sanitaire:http://www.hygiene-publique.gov.pf/spip.php?article120
... arrête sa mise à jour au 23 octobre 2014 avec 287 cas (site normalement remis à jour le vendredi)

Comme si l'épidémie de chikungunya s'était subitement arrêtée, les moustiques ayant fini par comprendre l'importance de l'imminente grande course Hawaiki Nui Va'a dans l'économie des îles sous le vent...



Après Hawaiki Nui va'a 2014

Mais le  réveil risque d'être brutal:  car  près de 5000 personnes vont se déplacer d'île en île (Tahiti-Huahine-Raiatea-Tahaa-Bora Bora) pour cette superbe et prestigieuse course de va'a.

C'est quand même tout le contraire de ce qu'il faut faire pour enrayer une épidémie.


Dès la course terminée, la chronique exhaustive des cas de chikungunya va très certainement aussitôt reprendre, et la barre des 1000 ou même 2000 cas est surement déjà franchie actuellement sans qu'on en ait entendu parler entre temps.

Les bons vecteurs (moustiques aedes albopictus) étant présents, il semble que l'épidémie ait maintenant le champ libre: donc probablement 40% des 280 000 polynésiens, soit plus de 100 000 personnes de Polynésie, vont être atteints du chikungunya durant les douze prochains mois.

L'épidémie devrait commencer à ralentir lorsque environ 20% de la Polynésie sera touchée, soit plus de 55 000 cas. Dans quelques mois...

Prenez neuf personnes autour de vous: dans un an, en moyenne quatre personnes parmi les dix (9+1) auront eu le chikungunya, cette maladie qui vous cloue irrémédiablement au lit et vous meurtri les articulations des mois encore après avoir été contaminé.


Le chik, c'est pas chic....

L'impact risque d'être terrible: on songe au fort ralentissement du tourisme et de l'économie territoriale, déjà bien en peine ces dernières années, on pense aussi aux problèmes des très nombreux arrêts maladie qu'il faudra gérer, au gouffre déjà abyssal de la CPS, et qui encore se creuser, à l'absence prolongée des professeurs et des élèves qui auront un examen de fin d'année scolaire (bac, brevet, licence, etc...), et à celles du personnel de santé qui seront déjà en surchauffe pour réceptionner les nombreux malades. Sans parler de ceux qui ont la dengue et non le chikungunya.

Et ceux qui auront les deux...

Le bac Polynésie 2015 risque donc d'être probablement gravé dans les mémoires comme étant le bac spécial chikungunya.


Que fallait-il faire avant et que faire maintenant ?

Au tout début, et même s'il est difficile de lutter, ne pouvait-on quand même pas essayer de:

* chercher systématiquement la présence ou non du virus dans les premiers faux cas de dengue de septembre afin de prévenir l'entourage des malades ? 

* placer les produits anti-moustiques (tortillons, Off, raquettes électriques, moustiquaires, etc..) dans la liste des PPN (produits de première nécessité) dans les magasins, de façon à ce qu'ils soient bien plus abordables et que plus de polynésiens en achètent ?



* planter massivement des plantes anti-moustiques, comme le miri (basilic tahitien sauvage).

* installer dans les places publiques plein de bassins avec nénuphars et guppys, ces petits poissons faciles à élever et qui dévorent toutes les larves de moustiques ?

Rien de tout cela n'ayant été fait, on pulvérise aujourd'hui des produits chimiques efficaces sur le moment, mais très nocifs pour l'environnement (abeilles, animaux, etc...) et que l'on retrouvera sous peu dans le lagon, avec l'impact que l'on peut tous craindre.



De plus, certains affirment que les moustiques survivants peuvent ensuite développer une future insensibilité aux produits de démoustication, insensibilité qu'ils transmettront à leurs descendances.



Recette de grand-mère: un piège à moustiques


L'araignée mangeuse de moustiques

En attendant un futur vaccin anti-chikungunya ou une éventuelle campagne de stérilisation des moustiques mâles sur le fenua, on trouve en Malaisie une araignée mangeuse de moustiques, la Paracyrba wanlessi .



Parmi toutes ses proies possibles, c'est le moustique qu'elle préfère, qu'il soit adulte ou au stade larvaire.  Elle bondit sur les moustiques à la manière d'un chat.

Certains laboratoires pensent à elle pour lutter contre les maladies tropicales comme la malaria.



Une invasion d'araignées à Raiatea pour lutter contre le chikungunya ? ..

Des araignées... il fallait que ce soit des araignées ...ça ne pouvait pas être des coccinelles ou des jolis papillons colorés ?

Je me demande si je préfère pas me faire piquer par l'aedes albopictus finalement...

http://voices.nationalgeographic.com/2014/10/07/mosquitoes-insects-jumping-spiders-malaysia-animals-science-predators-prey/

http://livenews.co.nz/2014/10/13/spider-prefers-mosquitoes-for-dinner/


Et Ebola ?

Quelques cas d'Ebola ont déjà été signalés en octobre au Chili, à seulement quelques heures d'avion de Papeete.

Si les autorités sanitaires locales sont aussi pré-voyantes et efficaces pour Ebola qu'elles l'ont été pour le chikungunya, un an après le zika, alors le pire est à craindre, à quelques semaines de l'été austral.

Si Ebola arrive à Tahiti, il ne restera plus qu'à prendre un voilier et partir vivre en autonomie pendant de longs mois sur un atoll désert des Tuamotus....