La pierre de Rosetta
En effet, après un voyage de 10 ans 5 mois et 4 jours, et environ 6 milliards de km parcourus, cette sonde orbitale, équipée d'un atterrisseur (une première mondiale dans ce domaine), va continuer à s'approcher de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko ( ou Tchourioumov-Guérassimenko selon les médias, et, plus simplement, Chury pour les intimes).
A noter qu'à l'origine du programme, elle devait se poser sur la comète Wirtanen (un nom bien plus facile à retenir...) en 2011, mais des problèmes de lancement avec Ariane 5 en ont décidé autrement.
Aujourd'hui, Rosetta n'est plus qu'à 250 km de cette singulière comète Chury dont la forme en haltères rappelle un peu celle d'une cacahuète (une cacahuète de 5km sur 3 km tout de même).
A la même échelle, Rosetta aurait à peine la taille d'une puce sur un gros ballon de basket. Les deux filant dans l'espace à 55 000 km/h (environ 40 fois la vitesse d'une balle de revolver)
Période de révolution de la comète autour du Soleil: 6,6 ans, dans un plan incliné de 7,1° sur l'Ecliptique (le plan dans lequel la Terre tourne autour du Soleil).
Magnitude actuelle 20 et magnitude minimale (en août 2015): 10 donc elle restera invisible à l'oeil nu, et même avec des jumelles, comme à chacun de ses cycles.
Couleur: presque noire, bien plus foncée que sur les images montrées ici en tout cas.
Site officiel de l'ESA concernant Rosetta: http://blogs.esa.int/rosetta/
En ce début août 2014, Rosetta commence à se mettre en orbite autour de Chury, dont voici une modélisation animée (gif) :
... selon la trajectoire d'approche suivante:
Voici une des dernières photos prises par Rosetta lors de son approche:
Ce n'est pas la Lune, mais une vue rapprochée de la comète 67P/Chury.
Désormais en orbite autour de la comète, Rosetta va progressivement se rapprocher de Chury (jusqu'à 10 km puis finalement 3 km) afin d'analyser la surface de la zone inter-noyaux, là où son atterrisseur Philae devrait tenter de se poser le 11 novembre prochain.
Compte tenu du mouvement de rotation de la comète sur elle même, c'est normalement un des meilleurs endroits pour se poser car la force centrifuge (nom qui fait horreur aux physiciens mais qui est bien plus parlant que l'accélération centripète) y est moindre que partout ailleurs.
Mais l'état de la surface (trop dur, trop mou, sablonneux, etc..), la durée d'ensoleillement (pour recharger les panneaux solaires) ou les zones de dégazage intempestif de la comète auront évidemment aussi leur importance dans le choix final du site d'atterrissage.
Malgré cela, il n'est pas encore certain que Philae, muni de solides crampons, pourra s'y tenir fermement afin de remplir ce pourquoi il a été conçu: forer et analyser pour la première fois le sous-sol d'une comète.
La descente sera une étape critique de la mission : si elle se fait trop rapidement, Philaé risque de rebondir à cause de la faiblesse de la gravité qui est égale à 1/100 000 de celle de la Terre : l'atterrisseur pèse (l'équivalent d') un gramme à la surface de la comète. Le noyau cométaire peut dégazer et déstabiliser Philaé qui devra alors utiliser le moteur placé sur le dessus pour se remettre sur le bon chemin. De plus, la grande distance qui séparera la Terre de l'atterrisseur empêchera tout contrôle direct : les communications feront un aller/retour en 80 minutes et cette phase du vol sera donc entièrement pilotée par le programme de l'atterrisseur
Dans le passé, d'autres sondes comme la sonde Stardust de la Nasa, ont réussi à ramener quelques poussières de comètes issues de leurs chevelures. Leur analyse a montré la présence d'acides aminés, c'est-à-dire les molécules considérées comme étant les premières briques du vivant.
Cela conforte la théorie selon laquelle dans un passé très lointain, la vie sur Terre aurait pu être amenée par des impacts de comètes chargées en acides aminés.
Le rôle de Rosetta, dont le nom rappelle naturellement la pierre de Rosette, laquelle a permis en son temps à Jean-François Champollion de décoder les hiéroglyphes égyptiens, est de fournir aux scientifiques les clés d'un laboratoire unique: une sorte d'échantillon des prémisses du système solaire.
Si Rosetta (3 tonnes) et Philae (100kg) mettent bien en évidence la présence d'acides aminés et d'autres molécules organiques complexes, un pas important sera alors franchi quant à la question de l'origine de la vie sur Terre.
Ces deux modules auront jusqu'en décembre 2015 pour travailler. Le 13 août 2015, ils seront toujours liés à la comète lorsque celle-ci s'approchera énormément du Soleil et fourniront donc des données in situ du dégazage d'une comète à son périhélie (point le proche du Soleil). La mission s'arrêtera ensuite en décembre 2015, si tant est que les modules aient survécu à ce fameux passage périhélique.
Où se trouve Rosetta actuellement ?
Juste à côté de 67P/Churyumov-Gerasimenko (forcément...), laquelle est actuellement, et pour tout le mois d'août 2014, dans la constellation du Sagittaire:
Plus la magnitude d'un astre est élevée, moins il est lumineux.
Inutile d'espérer la voir car sa luminosité est bien trop faible actuellement.
Le coût d'une telle mission ? 1,3 milliards d'€....
J'entends déjà les commentaires de certains fustigeant l'inutilité d'une telle mission au regard de la pauvreté dans le monde où de je ne sais quoi d'autres.
Effectivement, pourquoi envoyer un engin si cher et qu'on ne reverra plus aux fins fonds du cosmos ?
Quelle formidable perte d'argent et d'énergie !
Faisons donc un rapide petit bilan:
Les "contre"
* ça coûte cher, et avec tout cet argent, on pourrait construire beaucoup de crèches, des tas de parkings,...
* ça ne sert finalement pas à grand chose compte tenu des dépenses engagées
Le carottage d'une comète: une première mondiale faite par l'Europe.
(les 3 images ci-dessus sont des images d'artistes)
(les 3 images ci-dessus sont des images d'artistes)
Les "pour"
* connaître les origines de la vie sur Terre vaut peut être la peine de dépenser ces sommes là, qui ne sont finalement pas grand chose au regard des sommes parfois engagées dans certaines disciplines sportives populaires fort médiatiques (construction de stades ou d'équipements sportifs rapidement abandonnés par la suite...) ou en comparaison des gabegies habituelles de nos dirigeants (dernier en date: BNP Paribas qui va bientôt "donner" 8,97 milliards $ aux USA- soit 6 missions Rosetta -, mais aussi Executive Life ( 800 millions $ encore versés aux ricains par les contribuables français) , ou encore le Crédit Lyonnais* (14,7 milliards d'€ pris aux contribuables français, soit 11 missions Rosetta...) , etc...)
* si on avait suivi à la lettre un tel raisonnement depuis que la science existe, personne ne pourrait exprimer sa désapprobation sur internet car ce dernier, ni même les satellites, le téléphone ou l'électricité, n'existeraient.
* les actualités liées à l'Espace font toujours rêver les gens, cela les sort des sinistres actualités habituelles: l'impact sur le moral de la population (et donc sur l'économie) ne peut être que positif.
* les sommes engagées pour ce projet ne se sont pas volatilisées dans l'atmosphère: elles ont permis de rémunérer pendant des années des ingénieurs, techniciens, dessinateurs, secrétaires, etc.. sommes qu'ils ont donc ensuite eux même réinjecté dans l'économie, et ont de toute façon permis de faire avancer les connaissances scientifiques et technologiques
* cette somme ne correspond finalement qu'à l'activité de deux mandatures des 348 sénateurs de la République Française, sénateurs dont on connait tous l'extrême importance et l'extraordinaire productivité...
Guettons toutefois l'attitude des médias européens et notamment français vis à vis de cet événement historique et espérons qu'ils ne feront pas la même erreur que pour la mission Cassini Huygens en 2005: En effet, alors que la sonde européenne Huygens se posait magistralement sur le sol de Titan, le plus gros satellite de Saturne, que les images étaient diffusées en direct sur CNN, avec une présentatrice américaine les larmes aux yeux, la chaîne française LCI diffusait au même moment un pitoyable et insipide débat politique comme il en existe tant...
Faitoito (bonne chance) donc Rosetta et Philae !
* le scandale du Crédit Lyonnais n'est pas encore terminé et aujourd'hui, l' Etat doit encore trouver 4,5 milliards d'€ d'ici décembre 2014 (soit plus de 3 missions Rosetta), il va devoir emprunter cette somme sur les marchés financiers car il n'en a pas les moyens directement...
Source: metronews
Je rappelle que les 1,3 milliards d'€ de la mission Rosetta ont permis de payer des centaines d'ingénieurs, techniciens, etc.. qui, eux, ont ensuite participé au développement de l'économie européenne.
Peut-on en dire autant de tous ces scandales financiers ?...
Mise à jour du 12 novembre 2014:
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