mercredi 7 mai 2014

Les profs de maths se font rares

(Je vois déjà quelques élèves au fond de la salle qui ricanent)

REGION. La moitié des postes de professeurs de maths ne sont pas pourvus à l’issue du concours. Une désaffection à enrayer avant qu’elle ait des conséquences négatives pour les élèves.

Alexis Gobé ne sera pas professeur de mathématiques. L’étudiant de Charleville, inscrit en licence de maths, à Reims, sera banquier : « J’ai envie d’avoir un bon salaire. Professeur est un métier qui implique des responsabilités mais qui n’est pas rémunéré en conséquence. » La vérité sort de la bouche des étudiants. Voilà illustré en quelques mots le pourquoi de la carence en professeurs de mathématiques.
La moitié des postes disponibles n’ont pas été pourvus au concours du Capes de cette année
À cause d’un trop petit nombre de candidats. 
Les chefs d’établissements scolaires vont avoir de plus en plus de mal à remplir leur organigramme en mathématiques. « Mes deux dernières recrues sortent de Pôle emploi. On ne trouve plus de titulaires intéressés. Encore moins, sans doute dans les Ardennes qu’ailleurs », témoigne Frédéric Manil, directrice du collège Notre-Dame à Charleville.

Concours trop exigeant ?

« Les enseignants que j’ai recrutés sont diplômés. Ils ont parfaitement le niveau mais, à la différence des titulaires, ils n’ont qu’un contrat provisoire jusqu’à ce qu’ils réussissent leur concours. » Un concours bien plus exigeant que ce qui est nécessaire pour enseigner les mathématiques dans un collège : « Il y a un décalage à ce niveau qui ne touche pas que les mathématiques. Les candidats au professorat doivent avoir un haut niveau mais seront peu payés. Chez nous, à Notre-Dame, ils sont heureux mais certains devront travailler dans des collèges avec des jeunes difficiles. Il ne faut pas s’étonner de cette désaffection. » 
(ndlr): des jeunes difficiles = qui se permettent d'insulter et de frapper leur professeur, ou même le chef d'établissement.
Guy Bourgeois, secrétaire académique du syndicat Snes et conseiller principal d’éducation à Georges-Brière à Reims, confirme qu’il est urgent d’augmenter les salaires : « Un jeune diplômé, obligatoirement d’un niveau bac +5, commence avec un salaire net de 1 600 euros, il ne passera la barre des 2 000 euros qu’au bout de quinze ans. Sachant que les profils scientifiques sont très recherchés sur le marché du travail privé, il est logique que ces étudiants ne s’orientent pas vers l’enseignement. Nous demandons pour les professeurs un salaire de départ de 1 700 euros nets et une progression de carrière bien plus rapide. »
L’enjeu est de taille. Le manque de professeurs risque d’entraîner une baisse du niveau de l’enseignement des mathématiques alors que la France a bonne réputation en la matière.
(ndlr: déjà un peu tard: en témoignent les résultats Pisa et le niveau actuel en maths / physique des étudiants à l'entrée des classes prépas)
Heureusement, à la faculté des sciences, il reste des jeunes qui ont la vocation : « J’ai envie de transmettre mon savoir à des jeunes », explique Quentin Povillon, futur prof de lycée originaire d’Épernay. Même envie pour Pauline Hiernaux, de Reims : « Je gagnerai moins qu’Alexis dans la banque. Tant pis, je m’y ferai. J’ai toujours voulu être professeur. »
Aurore Dupré, de Laon, veut surtout faire de la recherche « et donner un peu de cours à l’université ». Les jeunes sont motivés mais sont de moins en moins nombreux : « Il y a une quinzaine d’années, nous avions 300 élèves par promotion. Cette année ils sont entre 30 et 40… », souligne Odile Barka, responsable de la licence de mathématiques à la faculté.
(ndlr: depuis qu'on a enlevé pratiquement tous les calculs de maths dans les chapitres de physique en 1ère S et terminale S, les matheux ont l'impression de faire de la littérature en cours de physique, et les autres n'adhèrent toujours pas).
Les lycéens ne s’inscrivent pas volontiers en fac de maths. Ils ont tort : « Nous avons énormément de débouchés, dans l’enseignement mais aussi dans le secteur privé. De plus, nous avons une première année qui reprend le programme de terminale pour limiter les échecs. » 

Et, particulièrement attrayant pour un étudiant : « Nous avons retiré tous les examens au profit d’un contrôle continu. Malheureusement tous ces atouts ne sont pas assez connus. » Les inscriptions sont ouvertes.

(ndlr: Bonjour les possibilités de triche, notamment avec les smartphones en 3G ou 4G comme c'est la mode désormais. Aucun projet d'installer des brouilleurs).
Pour information: 
voici le sujet de maths du bac France S 2012 (calculatrice à écran graphique + mémoire autorisée)
en comparaison avec le sujet du bac Sénégal 2012 (seules les calculatrices non graphiques sont autorisées) et il y a en fait 2 épreuves de maths à passer ...
Ceux qui connaissent un peu les maths verront tout de suite l'extra-ordinaire décalage vers le bas de l'épreuve hexagonale.
Pour les solutions, voici quelques pistes pleines de bon sens me semble-t-il (mais qui vont à l'encontre de la politique budgétaire actuelle ou de la démagogie ambiante)

1. On arrête de dire que les maths sont élitistes car il y a bien longtemps que le contenu des maths a été revu à la baisse dans les épreuves françaises: il ne reste plus qu'un seuil minimum, et ridicule au regard des années antérieures ou des programmes africains ou sud-américains. 


Ce genre de refrain fait penser au fameux soit-disant "nos ancêtres les gaulois" pour les cours d'histoire: il y a bien longtemps que cela n'existe plus.

Aujourd'hui, nombreux sont les élèves de terminale S qui ne maîtrisent pas les %.

2. Contrairement à ce qui se passe depuis de nombreuses années: on augmente le nombre d'heures de maths dans les classes, notamment en 1ere S (seulement 4h par semaine pour les 1S l'année prochaine par exemple)

3. On exige un niveau minimum pour passer dans la classe supérieure: Aujourd'hui, pour passer de 1ere en terminale: c'est l'élève, ou ses parents- qui décide (ent). Le conseil de classe n'émet qu'un avis, comme le Cesc...

Pourtant, le bon sens voudrait que si le niveau n'est pas atteint, on redouble ou on change de filière, tout simplement.

4. On investit dans les lycées professionnels avec l'appui des entreprises, comme en Allemagne

5. On améliore les conditions de travail des enseignants: sans parler du salaire, est-il normal (hélas, ça le devient...) qu'un enseignant se fasse insulter ou frapper, alors qu'il essaye seulement d'avoir un peu de discipline pour faire son boulot: transmettre ses connaissances  ?!


(Breaking Bad: un exemple de prof de physique-chimie sous-payé qui a mal tourné.
Faut connaître la série pour comprendre!)


6. Au collège et en seconde, et contrairement à ce qu'on nous demande, on insiste sur l'algèbre: les factorisations, fractions, équations, et autres inéquations.

On nous répond souvent que ce n'est plus la peine car il y a des logiciels pour ça.

Dans ce cas, et puisqu'on y est, pourquoi alors demander à un enfant en très bas âge d'apprendre à marcher puisqu'il existe des déambulateurs très efficaces...?

La multiplication exponentielle des fautes de français sur les forums de toutes sortes est probablement le fruit de la même politique, cette fois appliquée à l'orthographe et aux correcteurs automatiques type word, que personne n'utilise d'ailleurs.



D'après un article de l'union presse: http://www.lunion.presse.fr/accueil/les-profs-de-maths-se-font-rares-ia0b0n343633

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