mardi 13 mai 2014

Le lièvre et la torture...

...de regarder une vidéo sur internet depuis la Polynésie, pourtant un véritable paradis par ailleurs.

Pour preuve, essayons de visionner celle d'une mission de la navette spatiale Endeavour, depuis le décollage jusqu'à l'atterrissage (en résumé heureusement...):

 
Endeavour from Deimos on Vimeo.
Quand, depuis Raiatea par exemple, on veut la regarder sur internet, il est hors de questionner de songer à simplement appuyer sur le bouton Play (le triangle blanc) pour profiter immédiatement du spectacle.
En fait, pour la lire sans saccade, on doit appuyer sur pause tout de suite après son démarrage, et commence alors une lutte infernale entre la vitesse de lecture (curseur bleu) et la vitesse d'arrivée des images par internet (le curseur gris). 
Si on n'y prend pas garde, le gris étant tellement plus lent, le bleu arrive toujours à le rattraper et la vidéo devient saccadée.
Il faut donc laisser au gris un peu d'avance. Un peu beaucoup même, car il avance vraiment lentement si on a un faible débit comme c'est le cas par ces tropiques ci.
Mais combien d'avance en fait ? A quel moment peut-on enfin à nouveau appuyer sur Play ?
C'est un peu le problème du lièvre (le bleu) et la tortue (le gris).

Faisons les calculs !


Application numérique:  La vidéo "pèse " 41 Mo et dure 5min10s soit 310 secondes
La vitesse du curseur bleu est donc VB= 41 000/310 = 132 Ko/s
C'est le débit minimal pour lire la vidéo sans saccade.
A Raiatea, dans le meilleur des cas avec mon abonnement, je suis à Vg = 60 Ko/s* (sauf le soir quand tout le monde surfe sur le net...)

Il faudra donc attendre un temps Ta d'environ 170 secondes = 2min et 50s avant de ré-appuyer sur Play !

Si on ne veut pas compter, et en supposant que la longueur totale du curseur soit de 8,5 cm (ce qui devrait le cas sur votre écran), il faudra attendre que la longueur du curseur gris soit au moins de 4,6cm, soit vers le milieu.
Les p'ti fai fai de Tahiti

En matière de FAI (Fournisseur d'Accès à Internet), à  Raiatea comme à Bora Bora ou même pour la grande majorité de la Polynésie en fait, on a le choix entre la société mana ou alors rien du tout.

Et cela avec un débit qui, même s'il s'est bien amélioré grâce au câble sous-marin Honotua à 10 milliards CFP,  reste encore ridiculement faible au regard de ce qui se fait dans le reste du monde.

Qui n'est pas non plus au beau milieu de l'océan pacifique reconnaissons-le.

J'ai testé le mien plusieurs fois, comme cette fois-ci, par un après midi calme et ensoleillé, et bien avant l'heure de pointe qui démarre à 19h. Voici les résultats:

www.degrouptest.com/ www.journaldunet.com/
Test 1
Test 2
www.speedtest.net/ www.zdnet.fr
Test 3
Test 4


Certains tests sont magnifiquement présentés, et dignes du tableau de bord d'Endeavour.

A chaque fois malheureusement, alors que l'aiguille aurait largement la place pour aller jusqu'à des vitesses supersoniques, la mienne a bien du mal à décoller. La barre du 1 Mb/s n'est jamais franchie.

D'après le dernier test, il s'agit de 477 Kbit/s

Est-ce normal, puisque d'après mon contrat, j'ai droit à 512 Ko et que mon routeur Belkin m'indique 578 Kb/s (down) et 294 Kb/s (up) ?


* Les octets, les bits et les bytes

Alors que probablement dans toutes les autres langues, il n'y aucun problème à parler de ça, en langue française, c'est typiquement le genre de vocabulaire qu'on évite d'avoir devant les enfants...

Pour mémoire un bit, c'est un chiffre: 0 ou 1

En français, 8 bits se nomment un octet et en anglais un byte (prononcez baille-te)

Donc 1Ko c'est 1000 octets (en fait 1024) soit 1Kbyte et surtout 8Kbit

J'ai donc bien peur que mon débit soit bien de seulement 477 / 8 = 60 Ko/s et non pas de 512 ko/s comme j'avais naïvement cru le comprendre quand j'ai signé mon contrat...

Heureusement qu'ici, on a l'internet le moins cher du monde :) ...

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