jeudi 29 janvier 2015

Spoutnik: le Pearl Harbour spatial...

 A l'issue d'une harassante semaine de rencontres scientifiques internationales, une réception est organisée au soir du vendredi 4 octobre 1957 à l'ambassade d'URSS à Washington, DC.

Dans la foule hétéroclite de scientifiques, de diplomates, militaires, politiques, journalistes et autres espions venus de plusieurs pays, John Hagen, responsable du balbutiant projet spatial américain Vanguard, a encore en mémoire la déclaration faite en début de semaine par un des membres de la délégation soviétique Sergeï Poloskov, concernant l'imminence d'une mise en orbite d'un satellite par son pays.

Tout le monde est finalement joyeusement regroupé au deuxième étage de l'ambassade quand, à 18h, le journaliste Walter Sullivan du New York Times vient fébrilement chuchoter à l'oreille de Hagen: "it's up". En effet, l'agence Tass vient juste d'annoncer le lancement réussi de Spoutnik 1, le tout premier satellite artificiel de l'histoire.

Tous filent aussitôt sur le toit de l'ambassade dans l'espoir d'apercevoir l'engin, mais Spoutnik, petit ballon d'aluminium de 68 cm de diamètre et pesant à peine 100kg est bien évidemment indiscernable à l'oeil nu. On peut quand même entendre assez facilement son signal bip bip avec une radio.

Lloyd Berkner, le responsable de la délégation américaine, félicite courtoisement ses homologues russes. John Hagen, livide, tente lui aussi de faire bonne figure. Et à l'idée qu'un engin soviétique passe toutes les 96 minutes au dessus des USA sans qu'ils ne puissent rien y faire, les militaires américains présents sur place sont en état d'hyperventilation.

Au même moment, et donc en plein milieu de la nuit du 4 au 5 octobre 1957, Nikita Khrouchtchev est réveillé à Moscou par un appel téléphonique du père de Spoutnik, un ingénieur ukrainien nommé Sergeï Korolev, qui lui annonce depuis le Kazakhstan la réussite de l'événement.

"Très bien camarade Sergeï, xopoшó,  excellent travail". Et Khrouchtchev de se rendormir.

Sans mesurer le moins du monde l'amplitude du séisme qui vient d'être subitement déclenché outre-atlantique.

Spoutnik tournera ainsi tranquillement pendant trois mois, à 900 km au dessus de la surface terrestre, et en survolant plus de 2000 fois le continent nord-américain.

Aux USA, c'est l'hystérie. Il y a désormais pour eux un avant-Spoutnik et un après. C'est un deuxième Pearl Harbour, technologique celui-là. Car jusqu'ici et dans ce domaine, les américains ont toujours mené la course en tête loin devant les russes.

Le président Eisenhower, par ailleurs grand amateur de golf, est critiqué pour son inaction et certaines chansons lui suggèrent même ironiquement et en désespoir de cause, d'envoyer un satellite avec un de ses clubs de golf.

Spoutnik2, Laïka, et Pamplemousse.

Alors que John Hagen, sous pression, prépare activement pour le 6 décembre 1957 le lancement de la fusée Vanguard, ardemment lestée d'un satellite de 1,4 kg nommé Pamplemousse, Sergeï Korolev ré-édite son exploit historique même pas un mois plus tard, le 3 novembre 1957 avec le lancement réussi de Spoutnik 2, satellite de 500kg qui embarque le premier mammifère: la petite chienne Laïka, trouvée quelques temps auparavant errant dans les rues de Moscou.

Laïka est morte de stress et de surchauffe 7h après le lancement, donc bien avant la rentrée dans l'atmosphère de Spoutnik2 survenu 200 jours plus tard, mais elle a montré qu'on pouvait survivre à l'apesanteur.

Pour John Hagen, c'est enfin le jour J. De nombreux diplomates et journalistes du monde entier sont invités ce 6 décembre 1957 pour le lancement historique de Pamplemousse. Malheureusement, la fusée s'élève d'un petit mètre puis explose bruyamment en jetant des morceaux de Pamplemousse au pied du public. Khrouchtchev envoie ses sincères condoléances.

Pendant des années, l'histoire du spatial sera ainsi rythmée par la même kalinka:  succès soviétique grandissant d'un côté, toujours grâce à Sergeï Korolev: Youri Gagarine, le premier homme dans l'espace et dont ce fût d'ailleurs l'unique vol spatial, puis la première femme Valentina Terechkova, la première sortie dans l'espace en scaphandre, le premier survol lunaire,  la première photo de la face cachée de la Lune, dont tous les cratères ont donc depuis des noms russes, et de l'autre côté, une série d'échecs ou de demi-succès teintée d'une profonde humiliation américaine , jusqu'à ce qu'un certain Werner Von Braun, scientifique allemand récupéré du régime nazi après la seconde guerre mondiale, finisse par remettre de l'ordre et le spatial américain au premier plan.

Spoutnik, ton père oublié.

Mais qui se souvient de Sergeï Korolev ? Personne, car de son vivant, son nom a été volontairement effacé des registres.

A l'époque, le programme Spoutnik est officiellement le produit de l'union soviétique et non pas celui d'un obscur ingénieur ukrainien, fut-il génial et visionnaire.

Son nom n'a été rendu public qu'à sa mort en 1966, quand Leonid Brejnev, succédant à  Khrouchtchev, acceptera qu'on dépose ses cendres sur le place rouge, comme les autres héros soviétiques.

D'une santé déjà fragilisée par les tortures de son séjour en goulag de 1938 à 1940 par -45°C, puis par ses quatre années comme prisonnier chez l'avionneur Tupolev, Korolev, surdoué en maths et admirateur de Konstantine Tsiolkovski, l'homme qui avait établi en 1900 les premières équations du voyage spatial,  a toujours souffert de sa clandestinité forcée. Le monde entier admirait l'épopée Spoutnik, mais personne ne savait qu'il en était le père.

Lorsque Youri Garagarine revient sur terre après son vol historique en 1961 (et à des centaines de km de l'endroit prévu...), Khrouchtchev salue les idées de Lénine, et ignore Korolev.

Lorsque celui-ci développe, fait construire - avec d'ailleurs également un indiscutable talent de maître d'oeuvre, puis lance avec succès ses fusées R-7 et Semiörka, qui deviendront plus tard en étant améliorées les célèbres fusées Soyouz, encore utilisées de nos jours, c'est l'esprit du communisme qui fait grimper tout cela au ciel...

Et lorsque le comité Nobel demande à Khrouchtchev de révéler l'identité du père du programme spatial soviétique, il répond: "c'est le peuple soviétique".

Sa fille unique Natalia, aujourd'hui chirurgienne, et qui tient dans son appartement de Moscou un petit musée consacré à son père, précise qu'à l'époque, le KGB ira même jusqu'à lui trouver une doublure et pâle réplique scientifique, un certain Leonid Sedov.

Profondément blessé, Sergeï Korolev a définitivement rejoint les étoiles le 14 janvier 1966, toujours quasi anonyme et pratiquement sans un sou.


vendredi 23 janvier 2015

Dates bac 2015: Pondichéry, Liban, Amérique du Nord, Polynésie, métropole

Voici les dates (le calendrier) du bac 2015 pour Pondichéry, Liban, Amérique du Nord, Polynésie, et la métropole (dans l'ordre chronologique de 2015)

* Calendrier bac Pondichéry 2015: 



Source: le lycée français de Pondichéry



* Calendrier bac Liban 2015 (L, ES et S)


bac 2015 pondichery amerique du nord liban polynesie




Source: site du lycée du grand lycée Franco-Libanais de Beyrouth
ou bien le site du lycée Franco-Libanais Alphonse de Lamartine
ou encore sur le site du lycée Franco-Libanais Flahr Ibrahim


* Calendrier bac Amérique du Nord 2015 (L, ES et S)


bac 2015 pondichery amerique du nord liban polynesie



Source: Site du lycée Rochambeau de Washington



* Calendrier bac Polynésie 2015 (L, ES, et S)


bac 2015 pondichery amerique du nord liban polynesie


puis pour les autres séries:


calendrier bac 2015 polynesie

Source: Site de la DES (Direction des Enseignements Secondaires de Polynésie)

Remarque: Pour Liban et Amérique du Nord, il n'y a que les séries L, ES et S
Pondichéry assure les bacs L,ES,S, STMG et Bac Pro Commerce.


Pour finir, les dates de l'EAF, sciences & histoire en première en Polynésie session 2015:





* Calendrier bac métropole 2015 (L, ES et S)


calendrier bac 2015


Source: un peu partout sur le web !

Calendrier bac métropole 2015 (suite):


BAC TECHNOLOGIQUE (STMG, ST2S, hôtellerie, STL, STI2D, STD2A)
Série STMG (sciences et technologies du management et de la gestion)
Mercredi 17 juin : Philosophie (14 heures-18 heures)
Jeudi 18 juin : Histoire-géographie (8 heures-10 h 30); Mathématiques (14 h-17 h)
Vendredi 19 juin : Langue vivante 1 (14 h-16 h)
Lundi 22 juin : Épreuve de spécialité (14 h-18 he)
Mardi 23 juin : Management des organisations (8 heures-11 heures) ; Langue vivante 2 (14h-16h)
Mercredi 24 juin : Economie-droit (8 heures-11 heures)
Série ST2S (sciences et technologies de la santé et du social)
Mercredi 17 juin : Philosophie (14 heures-18 heures)
Jeudi 18 juin : Histoire-géographie (8 heures-10 h 30) ; Mathématiques (14 heures-16 heures)
Vendredi 19 juin : Langue vivante 1 (14 heures-16 heures)
Lundi 22 juin : Sciences physiques et chimiques (8 heures-10 heures); Sciences et techniques sanitaires et sociales (14 heures-17 heures)
Mardi 23 juin : Langue vivante 2 (14 heures-16 heures)
Mercredi 24 juin : Biologie et physiopathologie humaines (8 heures-11 heures)
Série Hôtellerie
Mercredi 17 juin : Philosophie (14 heures-18 heures)
Jeudi 18 juin: Environnement du tourisme (14 heures-17 heures)
Lundi 22 juin : Gestion hôtelière et mathématiques (13 heures -17 h 30)
Mardi 23 juin : : Sciences appliquées et technologies s (14 heures-17 heures)
Série STL (sciences et technologies de laboratoire)
Mercredi 17 juin : Philosophie (14 heures-18 heures)
Jeudi 18 juin : Mathématiques (8 heures-12 heures)
Vendredi 19 juin : Langue vivante 1 (14 heures-16 heures)
Lundi 22 juin : Chimie, Biochimie, Sciences du vivant et épreuve de spécialité (14 h-18 h)
Mardi 23 juin : Langue vivante 2 (14 heures-16 heures)
Mercredi 24 juin : Physique-chimie (8 heures-11 heures)
Série STI2D (sciences et technologies de l'industrie et du développement durable)
Mercredi 17 juin : Philosophie (14 heures-18 heures)
Jeudi 18 juin : Mathématiques (8 heures-12 heures)
Vendredi 19 juin : Langue vivante 1 (14 heures-16 heures)
Lundi 22 juin : Enseignements technologiques transversaux (14 heures-18 heures)
Mardi 23 juin : Langue vivante 2 (14 heures-16 heures)
Mercredi 24 juin : Physique-chimie (8 heures-11 heures)
Série STD2A (sciences et technologies du design et des arts appliqués)
Mercredi 17 juin : Philosophie (14 heures-18 heures)
Jeudi 18 juin : Mathématiques (8 heures-11 heures)
Vendredi 19 juin : Langue vivante 1 (14 heures-16 heures)
Lundi 22 juin : Analyse méthodique en design et arts appliqués (14 heures-18 heures)
Mardi 23 juin : Langue vivante 2 (14 heures-16 heures)
Mercredi 24 juin : Physique-chimie (8 heures-10 heures)
Épreuves anticipées pour les élèves de 1re, toutes séries technologiques.Vendredi 19 juin : Français (8 heures-midi)

BAC PROFESSIONNEL
Les épreuves écrites d'enseignement général sont fixées du mercredi 17 au mardi 23 juin 2014 en métropole ainsi qu'à Mayotte. Elles sont précédées, du mardi 2 au mardi 16 juin, par les mathématiques et sciences physiques et chimiques (épreuves pratiques et écrites sur support informatique). 
Mercredi 17 juin : Français - U51 (9h 30-midi)
                                 Histoire-géographie et éducation civique - U52 (14 heures-16 heures)
Jeudi 18 juin : Arts appliqués et cultures artistiques - U6 (10 heures-11 h 30)
Vendredi 19 juin : Prévention, santé et environnement (9 h 30-11 h 30)
Les dates du bac pro à la Réunion, en Guadeloupe et en Martinique, en Guyane, à Saint-Pierre-et-Miquelon et en Polynésie française sont détaillées en page 7 du calendrier officiel.

RÉSULTATS ET RATTRAPAGE
Mardi 7 juillet : les candidats sauront s'ils ont obtenu le diplôme du premier coup ou s'ils doivent passer l'oral de rattrapage, qui se déroulera jusqu'au vendredi 10 juillet inclus.
SESSION DE REMPLACEMENT
Cette session, qui ne s'adresse qu'aux candidats absents en juin pour des raisons de force majeure, se tiendra du 4 au 11 septembre pour les séries générales et technologiques, et du 10 au 18 septembre pour le bac professionnel.


* Rappel: les coefficients du bac sont...




(cliquer pour agrandir)


mercredi 21 janvier 2015

Iles sous le vent: sacrée tempête...

MétéoFrance a prévenu: la tempête Niko arrive par le nord, va se renforcer durant la nuit  et les Iles Sous le Vent sont donc en alerte jaune, peut être même bientôt bientôt orange.


A Raiatea du coup, certains ont remis le bateau sur la remorque et ont traîné le tout sur des kilomètres pour aller soigneusement planquer l'ensemble au fond du jardin, bien à l'abri du vent qui sera surement du genre à décorner les vaches folles. Certains magasins ou restaurants prennent également des mesures, ferment plus tôt et rangent leur matériel.

Car mardi soir 18h déjà, MétéoFrance annonce sur son site internet et pour les Iles Sous le Vent un temps bien perturbé:


Du vent orienté sud puis carrément nord, avec une vitesse moyenne de 30km/h, de la pluie, de l'orage, bref une jolie brise comme dirait l'autre.

Pourtant sur le site de Windguru, toujours hier soir (mardi) à 18h, on voyait plutôt ça:



C'est-à-dire plutôt du beau temps sur les Iles sous le Vent... Pas de vent, 3 gouttes de pluie, peu de nuages.

Et finalement c'est encore Winduguru qui a eu raison aujourd'hui, car la journée de mercredi a été une très belle. Un beau soleil, pas de pluie, ni de vent. Même au sud du côté de Puohine.


Beau temps toute la journée à Raiatea;  
Au loin, à l'horizon: Huahine, également sous un très beau soleil.



Beau temps aussi à Bora Bora, avec la webcam du Bora Bora Pearl Beach Hotel

Normalement, la journée de demain jeudi devrait être aussi "pluvieuse" pour MétéoFrance et moins ensoleillée, surtout l'après midi pour Windguru.

On verra bien.

Mais à l'heure où l'Etat cherche désespérément des économies à faire, et plutôt que de diminuer le nombre de militaires alors que le pays est en guerre plus ou moins larvée, ou le nombre de profs par élèves alors que le niveau baisse autant que l'autorité du système s'effondre,
on est plusieurs à peut être avoir quelques petites pistes à éventuellement lui soumettre...

Pendant ce temps là, Niko poursuit sa route et se rapproche de Tahiti


On leur souhaite d'avoir le même mauvais temps que celui qu'on a eu aujourd'hui....

Voici maintenant les excellentes animations satellites du pacifique de ce site canadien:




samedi 17 janvier 2015

Le 5e élément au Collège de France

A la création du Collège de France par François 1er en 1530, l'univers était supposé être constitué de quatre éléments bien raisonnables: la terre, l'air, l'eau et le feu.

Aujourd'hui, et après la leçon inaugurale que l'astrophysicienne Françoise Combes vient de présenter au public du Collège de France le 18 décembre dernier, on sait que les physiciens pensent qu'il en a en fait cinq, bien différents: Baryons, Leptons, Photons, Wimps et Quintessence...

Les trois premiers sont assez bien connus car les baryons (les particules lourdes comme le neutron ou le proton), les leptons (particules au contraire légères comme l'électron, le neutrino,etc..) et même les photons (les particules de lumière), sont étudiés depuis des années et ont livré plusieurs de leurs secrets.

Les deux derniers éléments en revanche, Wimps (Weakly interactive massive particles) et Quintessence, représentant respectivement matière noire et énergie noire, constituent à eux deux 95% de notre univers, mais on ne sait pour ainsi dire rien sur eux. Ils sont même une des principales énigmes à résoudre de nos jours en cosmologie.


Le 5e élément en particulier, l'énergie noire (ou sombre), n'est apparu que dans les années 2000 et permet d'expliquer dans les calculs l'expansion accélérée (et constatée)  de l'univers. Mais on ne sait quasiment rien de lui, si ce n'est qu'il représente nécessairement les trois quarts du cosmos...

La matière noire et l'énergie noire sont hélas bien plus complexes qu'un simple immense nuage de gaz sombre, comme le "sac à charbon", cette nébuleuse noire visible près de la Croix du sud.

A gauche un grand nuage noir: ce n'est malheureusement qu'un nuage de bonne vieille matière baryonique, des poussières opaques qui bloquent la lumière des étoiles situées juste derrière... (Nébuleuse sombre dite "du Sac à Charbon", à côté de la Croix du Sud)

Non, la matière noire, c'est autre chose, c'est bien plus subtil, et d'ailleurs, elle n'est même pas noire...

Mais alors comment peut-on supposer voire même affirmer l'existence de ces éléments s'ils sont à ce point mystérieux, énigmatiques et insaisissables ?

A cause des anomalies....

Il y a plus de 150 ans déjà, l'astronome français Urbain Le Verrier avait brillamment utilisé les anomalies de l'orbite d'Uranus, planète découverte par hasard 60 ans plus tôt au télescope, pour découvrir la lointaine Neptune, uniquement par le calcul et les lois de la mécanique céleste (après 900 pages de calculs à la main d'ailleurs).

Cette fois-là, l'anomalie précédemment observée fut magistralement expliquée par la présence d'une masse très importante et jusque là inconnue, située bien plus loin qu'Uranus: la planète Neptune.

Ce fut un triomphe pour Le Verrier qui tenta ensuite d'expliquer de la même manière une autre anomalie qu'il venait de déceler: celle de la rotation excessive du grand axe de l'orbite elliptique de Mercure, lors de ses multiples révolutions autour du Soleil. Un écart de 43 secondes d'arc par siècle avait en effet été constaté et demeurait inexpliqué. Sauf si une autre planète, qu'il nomma Vulcain, et située entre le Soleil et Mercure, venait encore jouer les trouble-fêtes gravitationnels.

Malheureusement pour lui, on ne découvrit jamais Vulcain (qui en fait n'existe pas)  et 40 ans après sa mort, cette anomalie fut expliquée  par Albert Einstein et sa célèbre théorie de la relativité générale.

Cette fois-ci, l'explication n'est pas venue d'une importante masse mystérieuse, mais plutôt d'une grande modification des lois de la gravitation de Newton.


Et l'histoire va se répéter ...

Dans les années 30, l'astronome suisse Fritz Zwicky décèle une autre anomalie, située cette fois-ci bien plus loin, au delà du système solaire, au sein d'un amas de galaxies: la masse totale observée de toutes les étoiles de toutes ces galaxies est 100 fois plus faible qu'elle ne le devrait. Il manque beaucoup de matière.


D'autres astronomes remarqueront ensuite que dans la plupart des galaxies, les étoiles ne tournent pas à la bonne vitesse autour de leur centre galactique.

En effet, alors que le bon sens et les lois de Kepler voudraient que dans une galaxie, et sous peine d'être rapidement éjectée dans le vide inter-galactique, une étoile lointaine tourne bien moins vite qu'une étoile proche autour du centre galactique, celles-ci se permettent en réalité de tourner sensiblement à la même vitesse que les autres, comme si quelque chose les retenait, les empêchait d'aller irrémédiablement se perdre dans le vide spatial. La courbe de rotation exprimant la vitesse en fonction de sa distance au centre galactique, est, au lieu de descendre, étonnement plate, horizontale.



A l'instar d'Urbain Le Verrier à son époque, Zwicky et ses collègues, comme le néerlandais Jan Oort (celui du célèbre nuage de comètes lointaines qui porte son nom) ont supposé qu'il devait y avoir une autre matière, diffuse, invisible, présente en quantité phénoménale, un peu partout dans les galaxies, et autour d'elles. Une matière qu'on ne voyait pas mais dont on observait pourtant les effets. La matière noire (Dark Matter (DM) en anglais) était née.

Mais à l'époque, on avait d'autres chats cosmologiques à fouetter: le Big Bang, la formation des étoiles, les super-novas, les quasars, pulsars, etc... et on mit donc la matière noire de côté.

Mécanique quantique, satellites, et simulations numériques par ordinateur à la rescousse

Arrivent les années 60 puis surtout 70, 80, 90 avec les premiers satellites dédiés à l'observation du ciel profond dans les longueurs d'onde non visibles et les premiers ordinateurs auxquels on demande des simulations numériques toujours plus poussées.

Ces dernières montrent rapidement qu'avec la matière ordinaire (baryons), sans matière noire, et de par les interactions gravitationnelles, les galaxies n'auraient pas la forme qu'on leur connait.

A l'inverse, si les galaxies sont fortement chargées en matière noire comme beaucoup le pensent, leur forme est stabilisée dans le temps, et devient conforme aux observations.

Par ailleurs, dès 1975, les premières simulations numériques du Big Bang, cette fois au niveau atomique, montrent que la matière ordinaire baryonique, qui réagit trop facilement avec les photons, ne peut pas fabriquer les galaxies, sans la présence d'une autre matière complètement différente: une matière noire non baryonique dite exotique. La matière ordinaire, celle qui compose le monde visible qu'on connaît ne ferait au maximum que 5% de l'univers total.

Vint ensuite l'étude statistique de milliers de lentilles gravitationnelles, ces arcs de lumière créés par la présence d'objets massifs le long des parcours lumineux. Elle permit d'élaborer les premières cartes supposées de la matière noire de l'univers, souvent située à proximité de la matière habituelle visible. La matière noire semble organisée en filaments à l'intersection desquels figurent les galaxies et amas de galaxies.

Ci-contre en bleu: la matière noire (si elle existe vraiment) recalculée d'après les lentilles gravitationnelles.

Mais de quelle matière pourrait-donc être faite cette Dark Matter, invisible, et qui réagit si peu avec le monde visible (mêmes avec les baryons & les ondes électromagnétiques), d'où d'ailleurs son nom de Wimp ?

La période de doute et une possible vision différente du "Mond"....

Parmi une trentaine de candidats au Wimp, le neutralino, cette particule ultra légère sortie tout droit de la théorie super symétrique, semble être la particule la plus apte actuellement à remporter le titre de particule de matière noire.

Mais le neutralino n'a jamais été détecté et reste à ce jour complètement hypothétique. Peut être subira-t-il le même sort que le neutrino, autrefois également candidat, mais finalement écarté car bien trop léger ?


De plus, à l'instar du décalage de 43 secondes d'arc par siècle du périhélie de Mercure, finalement expliqué par un changement profond de la théorie de la gravitation, et non pas par une masse manquante, certains aujourd'hui proposent une alternative à l'existence de la matière noire: ils proposent de modifier à nouveau la théorie de la gravitation à grande échelle, pour les faibles accélérations, c'est la théorie Mond (Modified Newtonian Dynamics). Cette alternative avait déjà été timidement évoquée au milieu du 20e siècle, puis abandonnée car trop tabu pour l'époque.

La théorie Mond propose pour les faibles champs de remplacer la décroissance classique newtonienne 1/r^2 par une décroissance en 1/r^ 1,5, et permet, sans faire appel à la matière noire (ou très peu...) d'expliquer certaines anomalies comme l'horizontalité des courbes de rotation des étoiles dans une galaxie. Mais elle n'explique pas toutes les anomalies constatées, comme par exemple les lentilles gravitationnelles, pourtant réellement observées.

Une conclusion à la Confucius

Pour finir sa leçon inaugurale, Françoise Combes cite Confucius; Attraper un chat noir dans l'obscurité de la nuit est la chose la plus difficile qui soit. Surtout s'il n'y a pas de chat.

Telle pourrait être en effet le destin des physiciens de la matière noire aujourd'hui. On en saura de toute façon davantage à l'avenir avec la mise en service de nouveaux détecteurs de particules plus sensibles que jamais. En somme, l'infiniment petit au secours de l'infiniment grand.

Pour revoir la leçon inaugurale de Françoise Combes, cliquer ici.

mercredi 14 janvier 2015

Calendrier Canada-France-Hawaii-Telescope 2015

canada france hawaii telescope
Chaque année, le télescope Canada-France-Hawaii (CFHT) produit un superbe calendrier à partir de quelques unes de ses plus belles photographies du ciel profond.

Et ce calendrier peut être acheté en ligne pour une quinzaine d'euros sur les sites suivants:

* Pour les USA & Canada
* Pour la France: Maison de l'astronomie

ou bien:
sur la Clédesétoiles

* Pour l'Europe: Coelum (en italien)

Remarque concernant la Polynésie (territoire français): les sites français ci-dessus (Maison de l'astronomie et Clé des étoiles) ne font aucune expédition en Polynésie.

Le site italien (Coelum), lui, expédie sans problème un calendrier n'importe où en Polynésie, même au fin fond des Tuamotu ou des Australes. 

Cherchez l'erreur....et ne pas hésiter à traiter plutôt avec lui.



Aucun problème pour commander le calendrier CFHT et le faire livrer en Polynésie avec le site italien Coelum
(la langue italienne ressemble suffisamment au français pour qu'on puisse commander)



Problème insurmontable en revanche pour 
le site de la maison de l'Astronomie à Paris.


Comme le CFHT , d'un diamètre de 3m60, fût le tout premier (dans les années 1970) à s'installer sur le volcan Mauna Kea, situé sur l'île de Big Island à Hawaii, il s'est mis au meilleur endroit de la montagne sacrée, donc sur un meilleur site que les télescopes qui l'ont suivi par la suite, comme les fameux jumeaux Keck de 10m de diamètre.

Il est géré par la France, le Canada, et l'Université de Hawaii, avec une équipe dirigeante tournante.

Une webcam est installée sur le site et permet de le voir en permanence:



En 2009, le directeur d'alors, Christian Veillet, était venu en Polynésie, et notamment à Raiatea, pour faire quelques passionnantes conférences. Il est aujourd'hui directeur du Large Binocular telescope en Arizona (une sorte de paire de jumelles géantes de  8,4m de diamètre...



A comparer avec le vénérable CFHT ci-dessous, équipé tout de même d'une caméra de 340 millions de pixels...




canada france hawaii telescope


Mai 2015: la nébuleuse Dumbbell (M27), magistralement revisitée par le CFHT
Distance: 1360 al
C'est le reste de l'explosion d'une étoile il y a 10 000 ans
(cliquer pour agrandir)


mardi 13 janvier 2015

C/2014 Q2: la comète Lovejoy devient enfin visible à l'oeil nu

Un peu de poésie dans un monde de brutes




L'astronome informaticien australien Terry Lovejoy a découvert en août dernier une nouvelle comète qui porte donc son joli nom. C'est la cinquième comète qu'il découvre ainsi dans l'outback australien avec son télescope Schimdt-Cassegrain de seulement 20 cm de diamètre.



Le nom scientifique de cette comète est  C2014 Q2 et actuellement, elle devient enfin visible à l'oeil nu, du côté de la constellation d'Orion.



Elle passera tout près des Pléïades tout au long du mois de janvier 2015....




et viendra tangenter le Soleil le 30 janvier prochain, à 193 millions de km.

Vue depuis la Terre, son éclat sera maximal mi- janvier (magnitude 4,8 environ )




Bien qu'elle soit théoriquement visible à l'oeil nu dans un ciel bien noir, une paire de jumelles n'est quand même pas superflue pour être certain de bien la repérer dans le ciel nocturne.


La prochaine fois qu'elle reviendra nous voir ? (et donc qu'on pourra à nouveau l'observer  ?) 

Dans environ 8000 ans.

Comment seront la Terre et ses occupants à ce moment là  ?!?




mercredi 7 janvier 2015

Ou est Charlie ?!?

Partout, et pour toujours...

On connait tous le fameux dessin d'une foule immense, au milieu de laquelle un personnage est à retrouver parmi une multitude d'autres: Charlie (Waldo en américain)

La légende étant: Ou est Charlie ?



Aujourd'hui, et après ce qui s'est passé à Paris, il n'y a que des Charlie sur l'image.

Car au lieu de tuer le journal satyrique Charlie Hebdo comme une poignée d'imbéciles l'a sottement prétendu,  le massacre d'aujourd'hui l'a au contraire rendu immortel et universel.



Non seulement, le journal et ses productions antérieures et futures seront désormais connus et pour longtemps dans le monde entier, donc bien plus qu'avant et bien au delà de l'hexagone, mais en plus, depuis cet acte lâche et stupide il y a des milliards de Charlie un peu partout dans le monde désormais.


A Madrid, Bruxelles, Londres, en Allemagne, en Suisse, au Portugal, au Canada, aux USA et dans bien d'autres pays, de nombreuses personnes l'ont démontré en manifestant. Sans parler de ceux qui, sans avoir forcément défilé, se sentent totalement solidaires.




Qui peut d'ailleurs juger qu'un journal est nul, n'a pas d'humour, et doit disparaître ?

tout simplement le nombre de lecteurs, la baisse éventuelle du chiffre d'affaire 
ou encore la faillite.

Mais pas une kalachnikov

Charlie Hebdo détruit ?

Non, Charlie Hebdo, qui était en grande difficulté financière 
et risquait de mettre la clé sous la porte,
 est désormais  une icône, un martyr, un monument.

Il ne peut plus disparaître.




Pour finir, un de ses meilleurs dessins, sur les intégristes: 

C'est dur d'être aimé par des cons...



et la photo de deux d'entre eux, diffusé même par un média néo-zélandais:





Pour s'abonner à Charlie hebdo:


Mise à jour du 9/1/2015

Les deux couillons responsables du massacre ont été tués par les forces de l'ordre.

Ils voulaient tuer un journal, ils sont morts devant une imprimerie.

Je suis Charlie est désormais le #1 des hashtags dans le monde entier, du jamais vu.