samedi 29 septembre 2012

Comète du siècle: C2012 S1 (ISON)

En empilant 24 images de 120 secondes de temps de pose chacune, un télescope automatique de seulement 25cm de diamètre du réseau ISON (International Scientific Optical Network) a récemment détecté une comète située pour l'heure au delà de l'orbite de Jupiter.

 Son nom: C2012 S1 (ISON)

Pour l'instant, c'est un minuscule petit point blanc de magnitude 19 dans la constellation du Cancer.

A titre de comparaison, voici quelques magnitudes stellaires classiques:

Soleil: -26,7
Pleine lune: -12,6
Vénus: -4,4
Sirius: -1,4
Canopus: -0,7 (2e étoile la plus brillante après Sirius)
Véga (Lyre): 0
Uranus, ou bien l'étoile la plus faible visible à l'oeil nu: +6
Neptune: 8
Pluton: 14
Sedna: 21

Bref, plus la magnitude est élevée, moins l'astre est visible.

Cette nouvelle comète est toutefois très prometteuse car son orbite parabolique, et non elliptique, indique qu'elle n'est jamais venue auparavant vers le Soleil, et donc qu'elle est intacte, toujours recouverte de toute sa "neige sale" comme on a l'habitude de dire pour toutes les comètes.

 Elle provient en effet du nuage de Oort, sorte d'immense réservoir à comètes situé très loin du Soleil, 50 fois plus éloigné que Pluton.



 Les premiers calculs montrent qu'elle viendra frôler le Soleil en novembre 2013 à moins de 2 millions de km, soit seulement deux fois le diamètre de notre astre central.



 Dans ces conditions, et si son noyau tient le coup et ne se désintègre pas sous l'effet des forces gravitationnelles et thermiques du Soleil, cette comète devrait perdre énormément de sa matière superficielle.

Deux énormes queues devraient apparaître, une de glace sublimée et l'autre, courbée, faite de particules ionisées et C2012 S1 ISON devrait atteindre la magnitude -10, donc rivalisant et même dépassant l'éclat d'une pleine Lune !

Elle pourrait donc même être visible en plein jour entre fin 2013 et début 2014, et en tout cas, cette comète C2012 S1 sera surement de toute façon la star incontournable du ciel étoilé des astronomes, poètes ou simples curieux du monde entier les mois précédents.

Nul doute que certains escrocs en profiteront pour rappeler l'inéluctable fin du monde, laquelle ne serait finalement décalée que d'un an,  de décembre 2012 à décembre 2013...





RMQ: parmi toutes les photos ci-dessus, seule la toute première représente réellement C2012 S1 ISON

mercredi 12 septembre 2012

Impacts sur Jupiter

De par sa formidable masse, Jupiter, la grosse Juju pour les intimes, attire tout dans son sillage.

 A cause des forces gravitationnelles qu'elle exerce sur son voisinage (avec sa consoeur Saturne), elle a empêché la création d'une planète au delà de Mars, à l'endroit exact ou actuellement se trouve la célèbre ceinture d'astéroïdes.


Toujours avec Saturne, elle modifie sensiblement les orbites des lointaines Uranus, Neptune, et même Pluton. Il est donc assez courant que des comètes ou astéroîdes viennent violemment la percuter.

 Du style piqûre de moustique. Rien de plus en fait.

 C'est ce qui vient d'arriver ces derniers jours, sous les yeux, oculaires et caméras CCD de plusieurs astronomes amateurs du monde entier. Deux astronomes amateurs ont en effet observé en direct l'impact d'un corps céleste, comète ou astéroïde, sur la plus grosse planète du Système solaire.

Alors qu'il avait l'œil à l'oculaire de son télescope, le 10 septembre 2012, à 11h35 TU, l'astronome amateur du Wisconsin Dan Petersen a observé un flash lumineux pendant 1 à 2 secondes à la surface de Jupiter. Aussitôt il a donné l'alerte sur divers forums. Son message a rapidement porté ses fruits. Le Texan George Hall s'est rendu compte a posteriori qu'il avait enregistré des vidéos au même moment sur son ordinateur.

Sa vidéo est visible ici:


Cet événement rare n'est pas inédit. Tout le monde se souvient des impacts multiples du noyau fragmenté de la comète Shoemaker-Levy 9 dans l'atmosphère de Jupiter en juillet 1994.

Ce cas considéré comme rarissime est longtemps resté unique.

 Mais avec l'engouement de l'imagerie planétaire, la géante gazeuse est surveillée quasiment en continu par les astronomes amateurs. Aussi, le 19 juillet 2009, l'Australien Anthony Wesley découvrait une tache sombre dans les nuages de la planète géante, trahissant un impact récent. Moins d'un an plus tard, le 3 juin 2010, le même observateur assidu a détecté en direct un flash dans l'atmosphère de la planète.

Et seulement deux mois plus tard, le 20 août 2010, c'était au tour du Japonais Masayuki Tachikawa d'assister à un tel phénomène !

Ci-contre: une image d'artiste d'un tel impact dans l'atmosphère de Jupiter.

 Face à une telle recrudescence, les astronomes professionnels ont été amenés à revoir à la hausse le risque d'impact entre des planètes et des petits corps. Les objets responsables de ce genre de flash lumineux sont toutefois assez petits. L'ordre de grandeur est de 10 m.

Mais ils vont tellement vite que leur énergie cinétique est colossale. Lors de l'impact, chaque kilogramme du petit astéroïde dégage plus d'énergie qu'un kilogramme de TNT! La puissance totale est comparable en ordre de grandeur aux bombes atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki. Jupiter sera au plus près de la Terre début décembre 2012. Actuellement, elle est donc visible en seconde partie de nuit.

Seuls deux astres rivalisent d'éclat avec elle : l'étoile Sirius et la planète Vénus.

Mais ces dernières sont beaucoup plus basses que Jupiter dans le ciel, il n'y a donc pas de confusion possible.